Edité en 2018 par le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), avec le soutien du Prix Roi Baudouin pour le développement en Afrique, cet ouvrage imposant, par son volume (520 pages) mais aussi par les questions très diversifiées qu’il y évoque, est un témoignage personnel de plus de 40 années d’efforts de développement dans trois pays africains : Le Burundi, le Cameroun et la République démocratique du Congo.
Ingénieur agronome de formation, l’auteur Deogratias Niyonkuru est secrétaire général et cofondateur de l’organisation burundaise Appui au développement intégral et à la solidarité sur les collines (ADISCO). Il est également conseiller stratégique sur les questions du développement.
« […] parce qu’il nous vient de l’intérieur du monde qu’il décrit, il comble un vide essentiel. L’immense majorité des essais portant sur la paysannerie d’Afrique sont rédigés par des fonctionnaires d’institutions internationales, par des universitaires qui ont fait quelques missions de terrain, ou par des journalistes qui, de l’extérieur, prétendent donner vie à ce qu’ils n’ont pas vécu », écrit Olivier De Schutter [2] au sujet de l’auteur qu’il qualifie d’ « homme qui répare les collines ».
L’auteur part du constat de l’échec des tentatives de lutte contre la pauvreté en Afrique pour démontrer l’incompatibilité de l’aide au développement reposant sur le modèle occidental. Il écarte ainsi les modèles capitaliste et communiste qui, contrairement à ce qu’affirment certains, ne correspondent, ni l’un ni l’autre, aux aspirations des Africain
es.« L’Afrique, si elle veut réussir, doit au préalable définir sa propre voie, une stratégie qui correspond à ses valeurs. S’aligner sur le modèle capitaliste de la compétition où quelques individus contrôlent à la fois le pouvoir et la richesse est largement contraire à la pensée africaine qui privilégie la construction de réseaux de solidarité avant l’ascension personnelle […]. Le modèle communiste, que certains ont cru plus proche des souhaits africains, ne répond pas davantage aux aspirations des Africains qui croient profondément à la propriété privée ».
Tout en refusant de se faire leur porte-parole, l’auteur ne considère plus les paysannes et paysans comme objets d’investigation, ils deviennent acteur
rices. Il ne se limite donc pas à l’aspect économique du développement, il se penche aussi sur les aspects politique, social et psychologique. Il nous explique, par exemple, comment le titrement des terres accroît la discrimination envers les femmes. « Ce sont les hommes en général qui procèdent à l’enregistrement des terres (ils se déplacent plus facilement), et ils le font généralement en leur nom, en omettant celui de l’épouse ».Aussi, il plaide pour un rôle plus grand des organisations de producteur
rices dans la formulation des politiques agricoles en particulier, et une place plus visible des ruraux dans la vie politique en général. Il attire, en outre, l’attention sur la souveraineté semencière mise à mal par l’industrialisation de l’agriculture qui condamne à la disparition progressive les systèmes semenciers paysans.Pour lui, ce n’est pas avec l’argent de l’aide que l’Afrique se développera. Il propose ainsi une méthodologie pour « éviter, comme il arrive souvent, que l’aide n’appelle encore plus d’aide ».
« La méthodologie que nous proposons est la formation psycho-humaine transformatrice », écrit-il. Cette méthodologie consiste à aider « la personne anéantie à donner un sens à sa vie, à reconquérir l’estime de soi, à croire en son avenir et à se fixer des ambitions pour le futur ». Il s’agit donc de reconquérir sa dignité comme clé de développement.
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